Bye Bye Bongo
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A l’occasion de la double représentation du « Carnaval des Animaux » à la MCFA ce 1er décembre, nous avons eu la chance de nous entretenir avec Alex Vizorek afin d’évoquer avec lui ce projet, sa genèse mais aussi de ses futurs projets !
Après « Pierre et le Loup », tu reviens avec « Le Carnaval des Animaux », comment est née l’envie de donner vie à ce projet ?
Pour le coup, ce sont deux pianistes françaises qui m’ont demandé d’écrire un texte pour un album d’hommage à Camille Saint-Saëns en 2021 pour les 100 ans de son décès. Je trouvais ça assez fou qu’on me demande ça à moi mais fort de mon expérience suite à « Pierre et le Loup » et d’autres projets avec des orchestres, je me suis dit « pourquoi pas ? » donc j’ai écrit ce texte. Quand l’envie est venue de La Ferme du Biéreau de passer à autre chose après « Pierre et le Loup », ils m’ont demandé si je voulais bien continuer avec eux pour « Le Carnaval des animaux ». Je trouvais l’idée super parce que cette fois, c’est mon texte donc je suis encore plus à l’aise dedans, c’est valorisant. Il y avait aussi le plaisir de travailler avec toute cette équipe qui travaille super bien, avec Karo (Pauwels, ndlr) que je connais très bien parce qu’on a beaucoup travaillé ensemble. Je suis vraiment content de retrouver tout le monde avec ce beau projet qui va beaucoup tourner !
Quel a été le processus pour créer un texte sur base de cette œuvre musicale ?
Il y a un texte très connu, celui de Francis Blanche, mais je le trouve très compliqué pour les enfants parce qu’il y a pas mal de mots d’argots, de jeux de mots que je trouvais plus pour les adultes. Les sonorités sont chouettes donc les enfants s’y retrouvent mais bon, c’est un texte un peu occulte. J’ai essayé d’y intégrer davantage les instruments pour pouvoir jouer avec eux et de le faire un peu plus contemporain notamment avec les thèmes du travestissement et de l’écologie. Je voulais qu’il y ait aussi des blagues pour enfants et pour adultes. C’est comme quand j’écris mes contes pour enfants, j’ai envie que tout le monde y trouve un petit quelque chose.
On le disait, « Le carnaval des animaux », c’est une œuvre musicale de Camille Saint-Saëns à la base. Est-ce que cette adaptation ce n’est pas aussi un moyen de rendre la musique classique à un plus large et/ou plus jeune public ?
Si, bien sûr ! C’est l’une des pièces les plus pédagogiques qui soit. C’est pour ça que je voulais, dans le texte, donner ces explications pédagogiques. Par exemple, pour les pianistes, si tu ne sais pas que, dans la partition, Saint-Saëns a écrit « jouer comme des débutants », tu ne comprends pas pourquoi ils jouent comme des débutants. C’était son amusement. Pareil pour le kangourou, je dis qu’il fait des grands et des petits bonds comme ça, quand les enfants entendent la musique, ils l’imaginent en train de sauter. Je suis nul en musique classique aussi donc quand je vois les grands-mères qui emmènent leurs petits-enfants à des concerts de musique classique, je trouve ça très touchant. Je n’ai pas cette culture et je trouve ça chouette de pouvoir la transmettre pédagogiquement.
Il y a ce Carnaval qui tourne et dans ton actualité, la sortie de ton troisième livre pour enfants : quelle place, quelle importance donnes-tu à l’art et la culture à destination des plus jeunes et pourquoi cet intérêt ?
Je trouve ça fondamental ! C’est un public comme un autre, il faut juste lui parler un peu différemment mais je pense qu’un enfant qui s’amuse dans une salle, c’est un adulte qui va revenir. On a une vraie vocation importante, je ne prends pas ça à la légère. Pour les contes comme pour la scène, j’ai une forme d’éducation à l’humour. Quand on voit le nombre d’adultes qui n’ont pas de second degré, je trouve ça très important de l’apprendre parce qu’on ne l’apprend pas à l’école. Je me dis que les enfants qui liront mes contes ou écouteront mes spectacles auront une petite notion de ce qu’est l’humour, le décalage, la drôlerie ou le plaisir de faire rire les copains. Voir un mec qui fait rire sur scène, j’espère que ça les intrigue et que ça leur donne envie de faire rire les autres. Quand on fait rire les autres, on ne fait pas trop de mal au monde.
Dans ce texte, tu racontes tes propres blagues. Quelle était ta volonté ou ton fil rouge au moment de l’écriture ? Est-ce que tu voulais faire écho à l’actualité ? Faire passer un message ?
L’actualité, non. J’ai vocation, je l’espère, à ce que le texte plaise à d’autres, qu’il soit lu pendant de longues années. Vu que c’est pour les enfants, il n’y a pas de temporalité. En revanche, l’inscrire dans l’air du temps, oui, un peu plus. Mais ça me semblait normal parce que le lien au monde animal ou à l’écologie n’est pas le même qu’il y a 50 ans ou quand Saint-Saëns l’a écrit même si je ne suis pas certain qu’il y avait déjà un texte à cette époque, je crois que c’est devenu une tradition un peu plus tard. Lui-même l’a joué deux fois puis il a arrêté parce qu’il ne voulait pas qu’on le prenne pour un compositeur rigolo. C’est finalement presque devenu son plus grand tube !
Dans « Pierre et le loup », Karo Pauwels était en coulisses pour faire ses illustrations, ici elle est sur scène avec la technologie de la réalité augmentée. Pourquoi ce choix ?
Le choix ne vient pas de moi mais de la mise en scène et je trouve ça très bien ! Les enfants, ils ne viennent pas voir Alex Vizorek, ils viennent voir le conte et les musiques donc je trouve ça super de partager la scène avec toutes les personnes qui font ce que ce spectacle soit beau. Dans « Pierre et le Loup », j’étais presque pour que Karo soit sur scène aussi mais tout le monde trouvait que c’était mieux qu’elle soit derrière. Ici, elle fait partie intégrante du spectacle, ses mouvements parlent aux gamins, ils la voient travailler, c’est très chouette.
On le sait, tu es un homme de radio en plus d’être un homme de scène. De quelle façon sont liés ces deux mondes où, dans l’un comme dans l’autre, c’est l’humour qui « dirige » ton travail ?
Les gens viennent me chercher parce qu’ils m’ont trouvé drôle quelque part, ils attendent donc de moi que je le sois. Si je viens un jour à la MCFA avec un récital de chansons d’amour, ils seront, si pas déçus, au moins surpris. Donc oui, il faut toujours qu’il y ait un peu de drôlerie. C’est la même casserole dans laquelle je fais des recettes différentes. Demain je vais traiter de l’actualité, de la politique française qui ne va pas bien et ce soir, je joue devant des gosses et je fais des rimes ! C’est nourrissant de faire des choses différentes. Je ne m’ennuie jamais parce que les choses bougent. Quand on me dit que je travaille trop, je dis « sans doute » même si je ne trouve pas que ça soit un vrai travail bien que j’y mette beaucoup d’énergie et de sérieux. Chaque semaine n’est pas la même donc je pense être à l’abri du burn-out qui vient quand on s’ennuie et qu’on fait tout le temps la même chose et plus on fait, moins on est payé. J’ai cette chance que, dans mon cas, plus je fais, plus je suis payé et plus je fais, plus c’est varié. Mais il faut que je me préserve quand même parce que je ne suis quand même pas à l’abri d’un jour décompresser complètement.
Y a-t-il une autre œuvre, majeure ou non, que tu souhaiterais adapter sur scène avec cette équipe ?
Il y en a un que je n’ai jamais fait, c’est « Babar » ! Il paraît que c’est un grand classique pour enfants du XXème siècle. Il y a aussi « Piccolo, Saxo et Compagnie » (de Jean Broussolle, ndlr). Je ne suis pas contre d’en écrire un moi-même aussi mais il faut tomber sur un compositeur qui veut s’impliquer et faire des belles mélodies pour les enfants. Je trouve que ce qu’a fait Prokofiev est fantastique mais si c’était si facile à faire, il y en aurait plein d’autres mais c’est toujours « Pierre et le Loup » qu’on voit !
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