Jeudi soir, rue des Carmes.
Devant le Studio, un attroupement. Ça papote, rit, s’interpelle, court de peur d’être en retard.
A l’arrière, vêtues de noir, en chaussettes, des femmes fument, marchent, guettent. Fébriles.
Dans le petit hall d’entrée, même joyeux brouhaha que sur le pavé. Visages connus ou pas, on se serre dans l’attente, le sourire au coin des lèvres.
L’ambiance et les humeurs oscillent, entre guinguette et soir de grande première. Un frisson de trac parcourt de manière égale artistes, animateurs, techniciens et public venus découvrir ou présenter le fruit de leur travail.
Installation en salle, tranquille. Un mot d’introduction pour remercier les personnes présentes sur scène et dans la salle. Une pensée pour les absentes. Le projet est un long voyage, certaines ont embarqué ou débarqué en chemin. Pour un temps ou plus longtemps. Mais elles font partie de ce projet qui vient du cœur et du corps.
Et retentit un cri…« Les femmes ! C’est à nous ! ». Noir, Musique, Présences.
Des histoires et des vies de femmes se racontent, sans un mot, sans un bruit. Les corps dansent et ils parlent. Ils parlent des timidités et des forces de toutes ces femmes. Ils parlent des blessures et des mains tendues. Des corps trop lourds, fatigués, abîmés par la vie. Des corps qui portent, réconfortent et dansent malgré tout. Des corps qui se battent, revendiquent, conquièrent.
Ils parlent d’envies, de liberté, d’été, de danse, de rire, d’équilibre. Ils parlent de la vie, des combats et des victoires de chacune.
Et dans le public joyeux, s’est installé, à petits pas, une attention sérieuse, une admiration, une communion…
…et un mantra…envoûtant… comme une danse… Elles sont, vous êtes, nous sommes, il est, tu es, Je suis BelleS !… Je suis BelleS !… Je suis BelleS !…
