Didier Laloy : « la rencontre humaine me guide ! »
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Ce 10 octobre, la MCFA accueillait Othmane Moumen pour son spectacle « Parti en fumée », le récit émouvant, très humain mais aussi drôle de son père, diagnostiqué d’un cancer du poumon il y a sept ans.
Sur scène, Othmane est seul. Enfin, presque. Il porte une marionnette à l’effigie de son père afin de raconter l’histoire de ce dernier. Du moins, c’est ce qu’on croit parce que rapidement, il devient ce père. Tel Jim Carrey dans The Mask, Othmane est habité par cette figure paternelle. Pendant le spectacle, pas un seul mot n’est prononcé par le comédien ; s’il s’exprime, c’est par le truchement d’un sur-titrage projeté en fond de décor. Si le père s’exprime, c’est par l’enregistrement audio que son fils en a fait. Pendant une heure, cet homme, toujours obstiné par la cigarette malgré ses multiples récidives, lève le voile sur ce qu’a été sa vie depuis son arrivée en Belgique dans une mise en scène épatante qui joue sur le masque, la marionnette, la transmission « silencieuse ».
Sur les planches, c’est grâce à un sublime travail sur le corps et le mouvement que nous sommes transportés dans ce récit familial bouleversant. En divisant la vie de son père en chapitres, Othmane nous raconte l’histoire d’un homme qui a quitté le Maroc pour le plat pays. Arrivé sous la neige après un voyage en avion plutôt cocasse, il se retrouve tout à tour embarqué dans des fêtes bruxelloises puis chauffeur de bus et père de famille. Dans le public, on rit, on pleure, on s’émerveille face à ces pans de vie merveilleusement incarnés par le comédien. Au-delà d’une histoire personnelle, on se figure aussi facilement les scènes de bus ou de voyages en voiture, nous remémorant également quelques moments de notre propre quotidien. Si Othmane ne prononce pas un seul mot, il parvient à nous montrer le respect, l’émotion mais aussi son ressenti, pas toujours évident, pour son père. Bien que ce dernier n’ait pas pour habitude de montrer ses sentiments, son fils montre dans ce spectacle qu’il veut faire le contraire avec ses filles par peur d’hériter des traits de son père. Le tout, sans prononcer un seul mot, faut-il le rappeler.
« Parti en fumée » est un spectacle empreint d’humanité qui ne tombe jamais dans le pathos. C’est juste, pertinent, touchant mais surtout, c’est beau sans être moralisateur. Tout simplement.
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