Lorsque nous nous rendons au théâtre, c’est habituellement avec la ferme intention de voir et d’entendre des comédiens, des acteurs. Mais avez-vous déjà pensé que vous aviez surtout affaire à des personnages ? C’est là tout l’enjeu de « La Tragédie comique ».
Sur scène, il est seul. Pas de prénom, pas d’âge, rien. Il est là, à rouler les R devant son public avec qui il échange mais aussi avec… son acteur. Très vite, la pièce tombe : devant nous se dresse le personnage de ce spectacle, il nous dépeint son acteur tourmenté, anxieux, dans un tourbillon d’échanges aussi loufoques que touchants. Dans son costume aux touches élisabéthaines, ce personnage va nous transporter dans une mise en abyme épatante dans laquelle, par un simple changement d’accessoire (un nez en bois), il sera tantôt le comédien et tantôt le personnage.
Avec « La Tragédie comique », Yves Hunstad délivre une performance XXL où les codes du théâtre classique sont brouillés. Seul en scène, il raconte à son audience la façon dont ce personnage a fait la connaissance de son acteur et invite ce dernier à se révéler, à ne pas lâcher prise en affirmant ses idées. C’est bien connu, l’un ne va pas sans l’autre, même lorsqu’il est tragiquement tué par un certain Shakespeare. Si la mise en scène semble à première vue facile, la vérité est toute autre car remplie de subtilités et d’actions millimétrées (qui oserait refaire la chute du coussin ?) Mais au-delà de cette farandole d’émotions, ce spectacle est avant tout une comédie parce que pendant nonante minutes, on rit énormément, même lorsque le public est plongé dans le noir alors que le comédien se bat avec un balai quelque peu récalcitrant. Une valse des sentiments.
Cette oeuvre, mise en scène par Yves Hunstad et Eve Bonfanti, a été jouée plus de 800 fois et tourne encore énormément à ce jour. Certains spectateurs sont d’ailleurs venus à la MCFA ce 24 janvier pour voir cette pièce une nouvelle fois. Et face à ce que nous avons vu et vécu ce vendredi soir, on peut que souhaiter encore une très longue vie à « La Tragédie comique ».
Photo STEPHANE GAILLOCHON
